Cérémonie du souvenir et de la fidélité, 30 mai 2015

Samedi 30 mai 2015, cérémonie du souvenir et de la fidélité devant le mémorial de la France combattante du Mont Valérien, dans la clairière et au monument du Souvenir des Fusillés organisée par l’Association pour le Souvenir des Fusillés du Mont Valérien et de l’Ile-de-France.

Cette manifestation, vise à rappeler les combats me- nés par des hommes courageux que leurs actes de résistance conduisirent devant les pelotons d’exé- cution nazis au mont Valérien, dans la malheureusement célèbre Clairière. Elle a débuté par un très beau et très émouvant spectacle. Moment consacré à l’évocation de cette époque marquée par la Résistance et la déportation.
A 14h15, place de l’abbé Stock commence le spec- tacle présenté et interprété par Sophie de la Rochefoucauld, Viviane Théophilidès comédiennes et Anna Kupfer chanteuse, intitulé « le retour des déportés et la victoire sur le nazisme » avec le concours de grande qualité des lycéen-ne-s du lycée le Corbusier à Aubervilliers.
En effet, mai 1945, c’est la victoire mais c’est aussi la révélation des camps d’extermination et celle des camps de concentration avec le retour des déportés. Les lycéen-ne-s se posent des questions que tous nous nous sommes posées au moins une fois. Pour- quoi êtes-vous partis ? Pourquoi n’êtes-vous pas partis ? Ne vous attendiez vous pas au pire ? Les voisins vous ont-ils aidés ? De quoi avons-nous hérité ? Cela peut-il recommencer ? L’accordéon nostalgique accompagne les paroles. Le spectacle est entrecoupé de chansons en hommage aux tziganes, aux juifs, d’une lecture d’une lettre de Jacques Decour, jeune agrégé d’allemand fusillé au Mont Valérien. Grand admirateur de la culture allemande, il explique que les nazis à l’origine de la destruction de la culture allemande furent les ennemis du peuple allemand bien avant ceux du peuple français. Un jeune lit une mesure du programme du CNR à appliquer dès la Libération du territoire, concernant l’éducation : « La possibilité effective pour tous les enfants de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de for- tune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires » . Il nous faut relire le programme du Conseil National de la Résistance en songeant que ce Conseil était composé de tous les partis et tendances, des syndicats, des gens de croyances différentes et que tous adoptèrent unanimement ce programme de progrès social et humain. Un souhait : que ce programme du CNR soit connu et étudié dans les écoles et les universités. Il est le testament de tous celles et ceux qui ont donné leur liberté et leur vie. Il reste une leçon de civisme et de patriotisme d’un intérêt primordial pour aujourd’hui et demain.
L’émotion nous étreint, les larmes nous viennent aux yeux.
Après le spectacle vient le dépôt des gerbes, hommage rendus par le Parti Communiste, le Parti de Gauche, la CGT, les associations de Déportés et de Fusillés, des villes, le conseil régional d’Ile-de- France, le conseil général des Hauts-de-Seine, des ambassades, le Préfet. Puis nous montons, en passant par la crypte où reposent des catafalques de combattants, jusqu’à la clairière où ont été fusillés nombre de résistants. Autre moment très émouvant, Sophie de la Rochefoucauld et Viviane Théophilidès lisent des dernieères lettres de fusillés. Entre autre celle de Christian Rizo qui était membre du groupe dit du Palais Bourbon. Il a formé le premier groupe de lycéens armés au lycée Buffon à Paris. Dans sa lettre d’adieu, il crie son amour filial et transmet ses dernières volontés en demandant à ses frères de devenir des hommes responsables. Puis trois médailles sont remises au petit-fils de Pierre Albert Herz, chargé des opérations spéciales sur les usines Renault, fusillé au Mont-Valérien le 12 août 1942.
Je finirai par une parole d’une lycéenne plagiant Baudelaire : « Il y a les fleurs du mal, tu penses qu’il y a les fleurs du bien ? ».

Catherine Sceaux

Mont-Valérien 2015

Samedi 30 mai – Nous sommes sur l’esplanade « Abbé Stock », face au Mémorial de la France combattante où va débuter comme chaque année la cérémonie d’hommage aux Fusillés du Mont-Valérien et de l’Ile-de-France. Un spectacle s’achève et le public applaudit les artistes, Sophie de La Rochefoucauld, Viviane Théophilidès, Anna Kupfer et les jeunes, filles et garçons, du Lycée d’Aubervilliers qui, par des poèmes et des chants, viennent de témoigner « du retour des déportés et de la victoire sur le nazisme ».

15 heures – Un cortège s’est constitué avec, à sa tête, une quarantaine de drapeaux groupés derrière ceux de l’Association pour le Souvenir des Fusillés du Mont-Valérien et de l’Ile-de-France et de notre propre association dont le porte-drapeau cette année est la tourangelle Claudette Sornin. De nombreuses personnalités honorent de leur présence l’hommage rendu aux fusillés : le préfet des Hauts-de-Seine, deux ambassadeurs, le grand chancelier de l’Ordre de la Libération, des élus territoriaux (conseil régional, conseils départementaux, communes), des personnalités politiques ou syndicales. Suit la foule des familles et amis des martyrs abattus au fort du Mont-Valérien pendant la 2ème guerre mondiale : résistants français ou étrangers arrêtés partout en France puis regroupés dans des prisons parisiennes « réserves d’otages » (Cherche-Midi, Santé, Fort de Romainville)…

La cérémonie commence par un dépôt de gerbes autour de la flamme qui brûle devant les portes de la crypte du mémorial. Représentants des autorités civiles et militaires se succèdent par petits groupes et fleurissent l’espace. Puis, les familles des fusillés rejoignent les personnalités pour honorer la mémoire des morts sur les lieux mêmes des fusillades. On entre dans le fort, on traverse la crypte aux 16 cénotaphes et, lentement, chacun gravit les nombreuses marches menant au site. Un tunnel sombre débouche sur une clairière encaissée dans un petit bois où les martyrs furent passés par les armes. A gauche, un mur de casemate. Au centre, une grande dalle rappelant le sacrifice des héros. Au fond, un sentier dégringole vers les lieux du supplice. L’endroit est étouffant et solennel.

Les honneurs sont rendus. L’émotion est sensible à la lecture de deux dernières lettres de fusillés que ponctuent les interventions de la Chorale populaire de Paris : « La Complainte du Partisan », « Le Chant des Partisans » et « La Marseillaise ». Le silence retombe sur la clairière. C’est fini ! La foule se disperse lentement ; certains reprennent l’escalier vers les lumières de la vie d’aujourd’hui ; d’autres prolongent leur pèlerinage, remontant le sentier vers la chapelle où certains fusillés ont passé leurs derniers instants avant d’être conduits au poteau. En face, « la Cloche », le monument dédié en 2003 « aux résistants et aux otages fusillés au Mont-Valérien par les troupes nazies (1940-1944) et à tous ceux qui n’ont pas été identifiés ». A côté, une exposition permanente, « Résistance et répression 1940-1944 », retrace le parcours des fusillés, depuis leur arrestation jusqu’à leur mise à mort.

Hélène Biéret


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En photos (Photos : COMRA)